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 Le Transport

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Yolanda Isabel
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MessageSujet: Le Transport    Le Transport  Icon_minitimeLun 23 Avr - 17:11

Des princes mérovingiens voyageaient dans des chariots traînés par des bœufs. C'est ainsi qu'ils se rendaient une fois par an à l'assemblée générale de la nation. Néanmoins, le moyen âge alla peu en voiture. Quantité d'industries tombèrent en désuétude après la décadence des Romains et les invasions des Barbares : la carrosserie entre autres.

Il y avait des chariots grossiers pour le transport des marchandises et des bagages. Mais tout trafic était restreint en ces temps troublés et l'on voyageait le moins possible. L'état déplorable des routes, à peine tracées, rendait la circulation des voitures à peu près impossible. Les belles voies romaines étaient loin, et les barbares qui avaient chassé Rome de la Germanie, de la France et de la Bretagne ne se souciaient guère d'en construire d'autres.

Non seulement les routes étaient mauvaises : la campagne, battue par des bandits de toute espèce, n'offrait aucune sécurité. Le voyageur, en butte à des attaques de toute sorte, se trouvait mieux à cheval pour se défendre ou pour fuir.

Guillaume, archevêque de Tyr, raconte que des brigands, ceints du glaive, assiégeaient les routes, dressaient des embûches, et n'épargnaient ni les étrangers ni les hommes consacrés à Dieu ; que les villes et les places fortes n'étaient pas même à l'abri de ces calamités ; que des sicaires en rendaient les rues et les places dangereuses pour les gens de bien.

Cela dura plusieurs siècles, qui virent se succéder Routiers, Brabançons, Cottereaux, Malandrins, Ecorcheurs et autres espèces pillantes et dévalisantes.

Le marchand devait, pour être garanti de la rapine, payer un droit d'escorte à chaque seigneur dont il traversait les terres. Heureux encore, si son escorte, au lieu de le protéger, ne l'allégeait pas de ses bagages en route.

Les seigneurs ne laissaient pas de s'associer aux détrousseurs. Richard Cœur de Lion, lorsqu'il était duc d'Aquitaine, se fit le compagnon de Mercadier, chef de routiers célèbre, et lui donna plus tard les biens d'un seigneur du Périgord.

L'Archevêque de Bordeaux fît ravager sa province par le même Mercadier. C'est le pape Innocent III qui le rapporte.

Les rois de France s'efforcèrent de porter remède à la situation.

Louis VI était toujours à cheval et la lance au poing pour châtier les nobles qui pillaient les voyageurs. Philippe-Auguste réprima les brigandages des grands seigneurs, rit paver les rues et les places de Paris qui étaient en tel état que les chevaux et les voitures, remuant la boue, en faisaient sortir des odeurs insupportables. Saint Louis remit en vigueur un capitulaire de Charlemagne qui forçait les seigneurs prenant péage à entretenir les routes et garantir la sécurité des voyageurs.

Charles VII poursuivit les Houspilleurs, les Ecorcheurs et les Retondeurs.

Louis XI rendit les routes plus sûres et organisa les postes en 1464.

Sous Louis XII, il y eut une trêve ; mais sous François Ier le pillage recommença avec les Mauvais Garçons et les Bandouliers.

Cette lutte des rois contre les bandits et les seigneurs, qui se confondaient souvent ensemble, est toute l'histoire de l'établissement de la monarchie française.

Il n'était guère question de voitures au milieu de ces agitations. Hommes et femmes, soldats et bourgeois, laïcs et prêtres, tout montait des chevaux et des mules. Les femmes et les moines se servaient d'ânesses, plus faciles à manier. Le ministre allait à cheval à la Cour ; son palefroi s'en retournait seul à l'écurie et un valet le menait reprendre son maître.

Les médecins allaient voir leurs malades à cheval ou sur une mule. Ramée, pour prouver que ceux de Paris n'allaient jamais en voiture, rapporte que la principale porte d'entrée du lieu où était leur école publique, rue de la Bûcherie, bâtie en 1472, n'était pas assez large pour qu'un carrosse pût y passer ; et dans la cour de cette maison, on voyait encore, fixés à la muraille, en 1752, les anneaux de fer où ils avaient attaché leurs mules.

Le pape même allait à cheval. Le Cérémonial du Pape ne parle ni de carrosses, ni de cochers de corps ; les historiens font mention de la mule et du cheval favori du pape. Le cheval devait être blanc, doux, docile et bien dressé. Le pape se mettait en selle au moyen d'un escabeau à trois degrés qu'on lui apportait. Les empereurs et les rois, s'il y en avait, devaient lui tenir l'étrier et mener sa monture par la bride.

Lorsque l'empereur Frédéric II entra à Padoue en 1239, les femmes des grands de la ville vinrent au devant de lui, montées sur des chevaux richement harnachés. On ne doit pourtant point conclure de là, avec un auteur, qu'il n'y eut point, alors, de voitures à Padoue ; si on lit, dans quelques centaines d'années, que l'impératrice Elisabeth d'Autriche a assisté à cheval à une revue ou à une fête au Prater, il n'en faudra pas déduire qu'il n'y eut pas de voitures à Vienne en 1885.

Il ne manque pas de faits qui attestent que l'usage des voitures ne se perdit pourtant pas complètement.

Ainsi, il devait y avoir au sixième siècle, sous les Mérovingiens, des postes appartenant à l'Etat, car on lit dans Grégoire de Tours que Childebert II, qui régna de 576 à 596, ayant été informé que le duc Rauching voulait le tuer, fit venir ce duc auprès de lui, puis expédia des ordres, et envoya des gens avec des lettres qui mettaient à leur disposition les voitures publiques, pour s'emparer des biens de Rauching partout où il s'en trouvait.

Le Transport  1835-1885_018_PL
Epoque communale, XIIIe siècle - Voiture de Voyage des Dames Nobles

On voit encore qu'en 675 saint Erkenwald, évêque anglais, qui était âgé et infirme, se faisait transporter et prêchait dans une sorte de voiture ou chaise à roues.

Plus tard, il n'est plus guère question de voitures pendant une longue période. Il faut passer les Croisades et aller jusqu'au treizième siècle. Mais elles doivent être devenues fort communes alors, car une ordonnance de Philippe, roi de France, datant de 1294, interdit aux bourgeois d'avoir des chariots.

Au treizième siècle, les nobles, les abbés et les femmes voyagent en chariot. Les miniatures des manuscrits du temps nous font connaître la forme de ces chariots qui ont tous quatre roues d'égal diamètre, des brancards ou un timon, avec des attelages accouplés en flèche et des postillons.

Si la structure en est primitive, l'ornementation abonde en peintures et en dorures. La caisse est recouverte d'étoffes posées sur des cercles. A l'intérieur, des coussins sont jetés sur les banquettes transversales. On y entre par derrière et souvent l'accès en est fermé par des chaînes ou des barres d'appui.

Le coffre repose directement sur deux essieux, sans courroies de suspension ni ressorts, et, les essieux étant fixes et parallèles, il faut s'y prendre de loin pour tourner.

Viollet-Leduc remarque qu'à l'aide de beaucoup de coussins et d'étoffes épaisses, on pouvait voyager assez longtemps dans ces charrettes menées d'ailleurs assez doucement.

Ces chars étaient généralement d'une assez grande dimension pour contenir une dizaine de personnes. La couverture était fixée sur une armature de bois et percée de trous latéraux fermés par des rideaux, ou elle était posée sur des cercles et quatre montants, se rabattait sur les côtés ou se relevait à volonté.

Le treizième siècle possédait des véhicules de destinations spéciales : tels sont les chariots dans lesquels les communiers flamands transportaient leurs armes et leurs vivres ; ils offraient les dispositions voulues pour recevoir les tonneaux, les sacs, les piques, les casques et les cuirasses de rechange.

Il y avait aussi des chars d'apparat de grande dimension. Dans un exemple cité, le corps du char est couvert d'une tente ornée d'une crête d'épis, avec bannières et pennons armoyés de franges d'or et d'inscriptions. Ces chars de cérémonie n'étaient en usage, lors des entrées de rois et de reines, que pour les dames de la suite. Les rois entraient à cheval et les reines le plus souvent en litière.

C'est donc après les Croisades que les voitures commencèrent à se répandre.

En 1253, Guillaume de Ferrars, comte de Derby, mourut d'une blessure occasionnée par une chute de voiture.

Charles d'Anjou entra à Naples en 1267 et sa femme, Béatrice, était dans une caretta garnie au dedans et au dehors de velours bleu de ciel fleurdelisé d'or.

En 1273, Grégoire III entra à Milan dans une caretta aussi.

Froissart parle des Anglais revenant d'Ecosse en 136o, sous le règne d'Edouard III, dans leurs charrettes.

En 1377, quand l'empereur Charles IV vint faire visite au roi de France Charles V, celui ci, sachant que l'empereur ne pouvait monter à cheval, lui envoya, à quelque distance de Paris, un de ses chars, richement orné et attelé de quatre belles mules blanches, et deux coursiers portant une des plus élégantes et des plus riches litières de la reine.

Charles V avait donc des chars et il devait y avoir de son temps beaucoup de charrettes à Paris. Christine de Pisan raconte, en effet, que le comte de Tancarville était resté longtemps sans venir auprès du roi, alléguant que le mauvais air de Paris l'avait rendu malade. Le roi reçut mal l'excuse et dit au messager : - Assurément il y a une meilleure raison.... le comte ne voit pas très clair et l'on rencontre à Paris beaucoup de charrettes. Il est bon de s'en garder.

Il faisait allusion au proverbe : gardez-vous des charrettes !

En Angleterre, en 1380 le roi Richard II et sa mère roulaient en whirlicote - mot à mot : litière à roues. Ces whirlicotes servaient à transporter les dames et surtout leurs bagages. Stowe dit que plus tard le roi prit pour femme Anne, fille du roi de Bohême, et qu'elle introduisit, pour les dames, l'usage d'aller à cheval les deux jambes pendantes du même côté de la bête, et que par la suite les whirlicotes ne servirent plus que pour les couronnements et les spectacles de ce genre.

L'Allemagne préférait aussi le cheval aux voitures pendant le moyen âge. Il est cependant question de voitures à deux et à quatre roues dans les Niebelungen, et, à la fin du quinzième siècle, les rois et les princes allemands voyageaient quelquefois en voitures couvertes, et paraissaient en voiture dans les cérémonies. En 1474, l'empereur Frédéric III se rendit à Francfort dans une grande voiture à tentures, et, comme il n'en descendit pas à cause du temps pluvieux qu'il faisait, les habitants furent dispensés de porter au-dessus de sa tête le tapis d'usage.

Deharme dresse une liste de chevaux fameux du moyen âge. C'est le cheval Bayard qui portait les quatre fils Aymon : Renaud, Guichard, Alard et Richardet, et qui a laissé des traces de son passage dans notre pays : non loin d'Aywaille, au bord de l'Amblève, on montre dans le rocher une empreinte profonde que le brave cheval a faite d'un coup de pied en prenant son élan pour franchir la rivière avec ses maîtres poursuivis par des brigands. C'est encore Bride d'Or, le cheval de Roland, c'est Beiffror et Flori, à Oger le Danois, Blanchard et Entencenden, à Charlemagne, Babieça, au Cid.


A défaut de chariots confortables et rapides le moyen âge possédait un moyen de transport plus romantique, en même temps doux et facile, dont nous nous accommoderions encore bien, et avec lequel on bravait facilement les mauvaises routes.

C'est la litière dont il est si souvent question dans les romans et l'histoire du temps et particulièrement, la basterne, c'est-à-dire la litière à chevaux que nous avons déjà rencontrée chez les Romains.

Essentiellement, elle comprenait une sorte de lit, couvert ou non, juché sur un double brancard et porté par deux chevaux, un devant et un derrière.

L'ornementation variait et était souvent fort riche ; la basterne affrontait les mauvais chemins, et passait à peu près partout où pouvait passer un cheval.

Ordinairement, dit Viollet-Leduc, les conducteurs de la litière étaient à pied et menaient les chevaux par la bride. Si la route était longue, ils allaient à cheval des deux côtés des porteurs.

Les femmes et les malades voyageaient souvent en litière et il y avait des litières pour reconduire à leur hôtellerie les combattants blessés dans les tournois : c'est l'équivalent du fourgon d'ambulance qui stationne sur nos champs de course.

Les princesses figuraient ordinairement en litière dans les cérémonies publiques.

Isabeau de Bavière entra en litière à Paris le 20 juin 1389. Les seigneurs et les dames s'étaient portés à sa rencontre jusqu'à Saint-Denis où se forma le cortège. Les plus hauts barons escortaient les litières de la reine et des duchesses de Berry, de Bourgogne et d'Orléans.

Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, entra à Besançon, en 1442, en une litière couverte de drap d'or cramoisi et après elle deux haquenées blanches, couvertes de mesme la litière, raconte Olivier de la Marche, et les menoyent deux varlets à pié. Après venoyent douze dames et damoiselles à haquenées harnachées de drap d'or et après quatre chariots plains de dames !

En 1552, Charles-Quint, rendu impotent par la goutte, fuyait en litière, pendant la nuit, devant Maurice de Saxe.

Dans le compte du mariage de Blanche de Bourbon avec le Roi de Castille, on trouve le détail des pièces composant la litière de la Reine : du drap d'or et de soie tenans sur l'azur pour housser ladicte litière par dedens après la peinture ; six aunes d'escarlate vermeille pour couvrir ladicte litière et housser le fonz d'icelle ; huit aunes de toille vermeille pour mettre dessous le drap d'or ; huit aunes de toille cirée pour mettre dessous la toille teinte ; huit aunes de chanevaz à mettre entre l'escarlate et ladicte toille cirée ; trois onces de soie à brouder les fenêtres, les pendans (glands), les mantellez et le bas de ladicte litière ; sept quartiez d'un marbré brun de graine à faire rayes, cousues doubles, pour mettre dessoubs les clous ... Et ainsi de suite.

Les mémoires de tapissiers de ce temps étaient explicites !

Olivier de la Marche décrit aussi la basterne du seigneur de Ravesaint au mariage du duc Charles avec Marguerite d'York, sœur du roi d'Angleterre.

La personne de monsieur de Ravestain venait en une litière richement couverte de drap d'or cramoisy. Les panneaux de ladicte litière étaient d'argent aux armes de mondict seigneur de Ravestain et tout le bois richement peinct aux armes de mondict seigneur. Ladicte litière était portée par deux chevaux noirs moult beaux et moult fiers ; lesquels chevaux étaient en harnachés de velours bleu à gros clous d'argent, richement ; et sur iceux chevaux avait deux pages vestus de robes de velours bleu, chargés d'orfèvrerie, ayant barrettes de mesme ; et estaient housses de petits brodequins jaunes et sans esperons, et avaient chacun un fouet en la main. Dedans ladicte litière estait le chevalier, à demy assis sur de grans coussins de riches velours cramoisy : et le fond de ladicte litière était d'un tapis de Turquie ; le chevalier était vestu d'une longue robe de velours tanné, fourré d'ermines, a un grand colet renversé, et la robe fendue de costé et les manches fendues par telle façon, que quand il se drécea dans sa litière l'on voyait partie de son harnais ... Ladicte litière était adextrée de quatre chevaliers qui marchoyent à pié, grans et beaux hommes, qui furent habillés de paletots de velours bleu, et avaient chacun un gros batton en la main. Mondict seigneur de Ravestain ne se mettait pas mal, à ce qu'il parait.

Le Transport  1835-1885_024_PL
Époque communale, XIIIe siècle. - Voiture de dames.

Quand il s'agissait de voyager, la litière était accompagnée, on le conçoit, d'une escorte nombreuse, car tout ce velours, cet or, ces beaux chevaux, et ces belles robes et ces beaux paletots devaient attirer la convoitise spéciale de tous les coquins qui exploitaient les routes et qui ne pouvaient manquer de flairer pareille proie de plusieurs lieues à la ronde.

Au XVe siècle, les voitures deviennent plus communes et il commence à être question des chariots «branlants», qui, les premiers, présentent un système de suspension.

D'abord, c'est Isabelle, femme de Charles VI, qui fait son entrée à Paris en 1405, au mois d'octobre, dans un chariot branlant garni de drap d'or ; ce même jour, le roi son mari s'étant mis en croupe de Savoisy, son confident, pour aller voir incognito la cérémonie, a été emporté dans la foule et failli y être étouffé.

En 1457, sous le règne de Charles VII, ce sont les ambassadeurs du roi de Hongrie et de Bohême qui offrent à la reine un chariot, fort admiré «parce qu'il était branlant et moult riche».

Ces chariots branlants avaient leur caisse posée sur deux fortes courroies longitudinales, ou soupentes attachées par les extrémités à des moutons, c'est-à-dire à des pièces de bois qui se dressaient au-dessus des essieux. Ceux-ci étaient reliés l'un à l'autre par des longerons, de façon qu'essieux et moutons formassent un système rigide, indéformable. La caisse roulait, tanguait et galopait sur ses courroies. Il y avait là, cependant un grand progrès sur les chars de l'antiquité où le siège seul était suspendu et où tous ses mouvements par rapport à la caisse, qui portait directement sur l'essieu, se traduisaient dans les genoux des voyageurs.

Un fait important date, en France, du 19 juin 1464. Ce fut ce jour-là que Louis XI organisa les services des postes, dont le personnel comprenant un Grand-Maître nommé par le roi, avec des maîtres-coureurs royaux sous ses ordres et deux cent trente courriers pour agents. Antérieurement, il existait bien des nuntii volantes, messagers volants institués par l'Université pour les relations des écoliers avec leurs familles, mais aucun service d'ensemble n'était encore en activité.

C'est pourtant au XVIe siècle qu'il faut arriver pour trouver les voitures régulièrement en usage et les noms de coche et de carrosse pour les désigner.

En Angleterre, Anne de Boleyn se rendant à son couronnement par les rues de Londres va dans une litière découverte, en drap d'or blanc, portée par deux palefrois avec des housses de damas blanc qui traînent jusqu'à terre. Du gravier a été semé sur le sol pour empêcher les chevaux de glisser. Il y a aussi des planches posées le long de la route. Des dames de la cour suivent en quatre chariots, deux couverts de drap d'or rouge, un blanc, avec six dames, et un rouge avec huit dames. Les six dames du chariot blanc sont vêtues de velours cramoisi.

Vingt ans après, Marie Tudor se rend de la Tour à Westminster, à travers la Cité, dans un char en brocart à dais et à six chevaux couverts de même étoffe. Un second char était couvert de drap d'argent tout blanc et attelé de six chevaux caparaçonnés de même.

Il y avait encore deux chars en satin rouge.

Tous ces chars étaient ouverts, à quatre roues, un peu plus élevés à l'arrière qu'à l'avant, et contenaient deux ou trois sièges. Ils ressemblaient, pour la disposition, au char-à-bancs moderne.

Un coche fut construit pour la première fois en Angleterre, en 1555, pour le comte de Rutland, par Walter Rippon, qui en fit un autre, en 1556, pour la reine Marie, et un troisième à train de devant tournant, en 1564, pour la reine Elisabeth. Mais Celle-ci préférait une voiture que William Boonen lui avait apportée de Hollande en 1560. Les voitures anglaises de ce temps avaient une caisse longue, couverte d'une sorte de dôme, avec les côtés ouverts, des rideaux que l'on pouvait abaisser ou relever et un très petit siège pour le cocher. Il n'y avait pas de porte, mais un tablier en cuir pendait en travers de l'entrée.

Quoique les auteurs disent de la diffusion des coches au XVIe siècle, il n'y avait encore, paraît-il, en 15500, que trois coches à Paris : celui de la reine, celui de Diane de Poitiers et celui du gros Jean de Laval Bois-Dauphin, qui ne pouvait pas monter à cheval.

Les uns prétendent que les voitures restèrent peu nombreuses, les autres que tout le monde en eut bientôt.

D'une part, on cite un mot d'Henri IV disant à quelqu'un : « Je ne sçaurais vous aller voir aujourd'hui parce que ma femme se sert de ma coche, » ce qui porte à croire qu'il n'y avait qu'une coche pour la famille royale ; et d'autre part on trouve dans les estampes du temps les dessins de plusieurs carrosses armoriés aux initiales royales. D'autre part encore, en 1563, lors de l'enregistrement des lettres patentes de Charles IX pour la réformation du luxe, le Parlement arrêta que le roi serait supplié de défendre les coches par la ville. Faites accorder tout cela !

Je continue, ou toujours d'après les historiens, je répète que je n'ai pas le loisir de remonter aux sources pour vérifier.

Le roi Henri III va faire, en carrosse, de singulières expéditions. En 1575, dit l'Etoille, « le roi va encore en coche avec la reine sa femme par les rues et les maisons de Paris, prendre les petits chiens damerets qui à lui et à elle viennent à plaisir : il va pareillement par tous les monastères de femmes estans au environs de Paris faire pareille queste de petits chiens, au grand regret et desplaisir des dames auxquelles ces chiens appartenaient. »

Ses promenades en coche finissent quelquefois assez mal. C'est ainsi que le 7 janvier 1576 le coche du roi et de la reine se détraque en pleine campagne et qu'ils sont obligés de revenir à pied « par un despiteux temps qu'il faisait. » Ils rentrent au Louvre après minuit.

Le Transport  1835-1885_028_PL
Règne de la maison de Bourgogne, XVe siècle. - Litière de chatelaine.

Le 24 juin 1584, le roi va du Louvre à l'église Saint-Magloire, dans le faubourg Saint-Jacques, pour répandre de l'eau bénite sur le corps de son frère le duc d'Alençon qui y a été déposé. Sa femme le suit « séant seule en un carroche couvert de tanné et elle aussi vêtue de tanné ». Voiture et toilette assorties !

C'est la première fois, prétend Ramée, que l'on trouve le mot carroche, qui est le même que carrosse.

En 1585, les ligueurs font le complot d'enlever le roi qui habitait Vincennes et qui venait souvent à Paris en carrosse.

En 1588, on prêche, en France contre les carrosses. Renaud de Beaune, portant la parole au nom du clergé aux états de Blois en 1588, donne pour modèle d'une modération qu'on ne saurait trop recommander, la première présidente de Thou qui, en qualité de femme du premier magistrat du parlement, aurait pu se servir, comme les principales dames de la cour, d'une litière ou d'un carrosse, et qui pourtant n'allait jamais qu'en croupe derrière un domestique.

En 1574, Marguerite de Valois avait un coche et d'autres chariots ou carrosses dont elle parle dans ses mémoires. Ce n'est pourtant pas en coche qu'elle fit en 1577 son voyage en Flandre.

« J'allais, dit-elle, dans une litière faite à pilliers doublés de velours incarnadin d'Espagne en broderie d'or et de soye nuée à devise. Cette litière était toute vitrée et les vitres toutes faites à devise, y ayant, ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes, avec les mots en espagnol et italien sur le soleil et ses effets ; laquelle était suivie de la litière de Madame de la Roche sur Yon et de celle de Madame de Tournon, ma dame d'honneur, et de dix filles à cheval avec leur gouvernante, et de six carrosses ou chariots où allait le reste des dames et femmes d'elle et de moy. »

Les voitures étaient très répandues à cette époque en Belgique et en Hollande où elles faisaient partie du luxe des commerçants riches. S'il n'y avait, en 1550, que trois coches à Paris, il y en avait certainement, en 1560 plus de cinq cents à Anvers.

En Italie, les coches étaient assez répandus pour que l'on trouvât en vigueur dans diverses villes, des lois somptuaires contre l'abus de la soie, du velours, des broderies et des dorures dans leur garniture et dans le harnachement des chevaux.

En 1564, le pape Pie IV exhortait les cardinaux à ne pas rouler en coche, selon la mode du temps, mais à laisser cela aux femmes et à aller plutôt à cheval.

Le maréchal de Bassompierre raconte que le grand duc de Toscane, qu'il était allé voir à sa maison de plaisance, non loin de Bologne, lui fit donner des carrosses pour l'aller trouver le jour d'après à Lambrogiano. C'était en 1597. Deux ans plus tard, Bassompierre ramena d'Italie en France le premier carrosse qui eût « des stores en glace. » Il parle de carrosses de relais qui existaient en 1603, entre Nancy et Sarrebourg et partit pour Ulm - il se rendait en Hongrie - dans un carrosse de louage.

En 1583, le duc Jules de Brunswick lançait un édit pour empêcher ses sujets d'aller indolemment en voiture.

Un auteur dit qu'il n'y avait que les femmes et les malades qui allaient alors en voiture en Allemagne et que cela était réputé honteux pour les hommes.

Les carrosses ne réussissaient guère à Henri IV. Le 9 juin 1606, le roi et la reine de France, ayant avec eux en voiture le duc de Vendôme, manquèrent de se noyer dans la Seine au bas de Neuilly, en revenant de Saint-Germain. Ils n'avaient pas voulu descendre de voiture, à cause de la pluie, pour entrer dans le bac et passer la Seine. Les deux derniers chevaux tombèrent à l'eau pendant la manœuvre et entraînèrent le carrosse. Le roi qui était jovial, dit « qu'ils avaient mangé trop salé à dîner et qu'on les avait voulu faire boire après. »

C'est encore dans son carrosse qu'Henri IV fut assassiné le 14 mai 1610. Il avait levé les rideaux pour que le peuple pût le voir. On tira sur lui par derrière. Il avait sept gentilshommes avec lui dans la voiture.

Henri IV ne voulait pas qu'on eût de carrosses, mais sa volonté ne servit de rien. « Le marquis de Cœuvres et le marquis de Rambouillet furent les premiers des jeunes gens qui en eurent, le dernier à cause de sa mauvaise vue, l'autre en rendait quelque autre raison. Ils se cachaient quand ils rencontraient le roi...

« Armant-le-Péteux a été le premier garçon de la ville qui en ait eu un, car les hommes mariés en eurent avant lui. Louis XIII ne trouva pas bon que Fontenay Mareuil en eût un ; on lui dit qu'il s'allait marier. » Ce privilège accordé aux hommes mariés indique que, dans l'esprit du pouvoir, les voitures n'étaient encore bonnes que pour les femmes.

On s'occupait grandement, dès lors, de perfectionner les voitures.

M. de Chevreuse, à ce que raconte Tallemant des Réaux, fit une fois faire jusqu'à quinze carrosses pour voir celui qui serait le plus doux. C'était une expérience intéressante que cela, et dont je ne puis blâmer M. de Chevreuse, puisque ces moyens la lui permettaient, et qu'elle dut profiter ensuite à tout le monde.

Les prêches contre les carrosses continuaient de plus belle. C'est encore Tallemant des Réaux qui raconte « qu'un jour le père André sceut que Madame de la Trémouille était à son sermon incognito ; il parlait de l'enfant prodigue : il se mit à lui faire un train tout semblable à celui de la duchesse : « Il avait, dit-il, six beaux chevaux gris pommelez, un beau carrosse de velours rouge avec des passements d'or, une belle housse dessus, bien des armoiries, bien des pages, bien des laquais vestus de jaune passementé de noir et de bleu. »

Les lourds chariots de la Hanse parcourent les routes au XVIe siècle ; partout les négociants affiliés à la Ligue hanséatique les protègent, et ils roulent sous escorte, des villes commerçantes des Pays-Bas jusqu'au cœur de l'Asie.

Les canaux des Pays-Bas donnent lieu, à la même époque, à une circulation active ; on va de Gand à Bruges par la barge qui fait un service régulier entre les deux villes.

Voyons les modifications que subit pendant ce temps la façon des voitures. Vers le commencement du XVIe siècle, selon Viollet-Leduc, on a fait aux chariots de voyage des entrées latérales entre la roue d'avant et la roue d'arrière ; les deux banquettes se regardent, le plancher et les accotoirs sont garnis de tapis mobiles. Quelquefois les deux entrées sont munies de marchepieds fixes sur lesquels tombent ces tapis, et une sorte de capote à soufflet, pouvant s'abattre et se relever, est posée sur les dossiers et les accotoirs, au-dessus de l'une des deux banquettes ou des deux.

Ce sont là les premiers coches, et il ne parait guère qu'ils aient été suspendus avant le milieu du XVIe siècle.




Dernière édition par Yolanda Isabel le Sam 17 Nov - 18:12, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le Transport    Le Transport  Icon_minitimeSam 17 Nov - 18:10

Citation :
En général, un courrier rapide fait 100 km par jour, deux fois moins si le relief est important. Si on reprend le cas d’Eudes Rigaud, la moyenne générale est de 33 km par jour. Mais il fait parfois des pointes de 60 km par jour.
Evidemment, la vitesse varie selon la « profession », un homme de guerre « filera » à 45 km par jour alors qu’un marchand qui doit traîner sa carriole de produits fait du 30 km/jour.*

http://milam.free.fr/voyage.htm

l'allure moyenne sur terrain plat et dégagé pour un cheval pas entrainé a écrit:

7km/h pendant 20 mn
14km/h pendant 20mn
60km/h pendant 20mn

=> 27 km/heure.

l'allure moyenne sur terrain plat et dégagé pour un coursier a écrit:

14km/h pendant 20mn
60km/h pendant 60 mn

=> 48,45 km/heure.

Une lieue = 4,5 km
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